Après des études en droit et affaires européennes à Montpellier puis à l’IEP de Bordeaux, le Français originaire de Bergerac en Dordogne s’est installé à Bruxelles. Là-bas, il a d’abord été assistant parlementaire avant de devenir chef de l’unité économie et transformation numérique au Parlement européen. Thierry Masson est salarié du groupe Renew Europe.
Très intégré dans la communauté française de Belgique, Thierry Masson a pu constater son évolution. Selon lui, cette évolution a un impact assez clair sur les lycées français, notamment à Anvers. « Avant, il y avait beaucoup d’expatriés dont l’entreprise pouvait prendre en charge les frais de scolarité. Ce genre d’expatriation de courte durée, j’ai le sentiment qu’elles ont réellement diminué, et il va falloir trouver des moyens de dynamiser l’enseignement français » explique-t-il. « On se rend compte que maintenant, il y a des Français de deuxième ou troisième génération qui ne parlent plus français en Flandres. On y apprend l’anglais de plus en plus, mais l’enseignement du français perd du terrain. Il y a un réel enjeu de multilinguisme dans le sens où les Français qui s’installent devraient faire la démarche d’apprendre le néerlandais et parallèlement, il faudrait que le français soit facile d’accès en Flandres ».
Créer une mobilisation
Thierry Masson se sent concerné par les problématiques qui touche la communauté française. Notamment les problèmes fiscaux qu’ont pu rencontrer certains Français qui, télétravaillant depuis un autre pays que leur pays d’origine, sont tombés dans le régime fiscal de l’autre état membre. Il raconte : « pendant toute la crise sanitaire, j’ai agi auprès des députés européens pour essayer de créer une mobilisation et ainsi faire en sorte que les règles ne soient pas appliquées pendant la durée de la crise. C’est quelque chose qui dure encore, on repousse à chaque fois de 6 mois pour que personne ne se retrouve sanctionné du fait qu’il soit obligé de télétravailler ».
Une communauté française assez diverse
Thierry Masson a récemment mené un sondage auprès des Français de Belgique. Les résultats ont permis de faire ressortir une autre problématique à laquelle cette communauté est confrontée : leur intégration au sein de la population dans les Flandres. « La communauté des Français en Belgique est assez diverse. Le sentiment d’intégration dans le pays est moins fort en Flandres qu’en Wallonie. On voit donc que la barrière de la langue a des conséquences sur la capacité d’intégration. C’est pour cette raison que dans notre campagne, il y aura des propositions sur cet aspect-là. À savoir comment faire en sorte d’aider les Français à mieux s’intégrer » explique le candidat.
Un regard un peu moins sérieux
Ce qui a séduit le jeune Bergeracois, c’est la convivialité de la Belgique. « Les Belges portent parfois un regard différent sur les choses, un regard un peu moins sérieux que ce qu’on peut avoir en France » affirme-t-il. Son expérience d’expatriation lui aura aussi permis d’observer la vie politique française avec un certain recul. « être loin de la France permet de vivre les débats qu’il s’y passe différemment. Lorsqu’il y avait en France le débat sur le mariage homosexuel en 2012, les Belges regardaient cela en étant complètement ahuris, car le mariage gay est légal depuis 20 ans ici, et j’avoue que moi aussi en voyant ça, j’ai eu mal à ma France. De même pour le débat qu’il y a en ce moment à l’Assemblée nationale sur l’euthanasie, je pense que l’exemple belge peut être regardé ».